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Les tribunaux royaux, aux derniers siècles du Moyen Age, ont jugé les fous. Revêtant différents visages mais toujours décrite comme un trouble naturel, la folie soulève des questions fondamentales dans la sphère judiciaire. Peut-on juger les fous ? Au pénal, les juges s'interrogent et font preuve d'un puissant réflexe de compassion à l'égard des déments. Cela n'empêche pas les familles de chercher à se protéger de la violence des fous les plus agités, qui vivent reclus à domicile et peuvent être entravés par des chaînes.
Elles n'ont recours aux tribunaux qu'en cas de problème grave. Au civil, la folie peut menacer le patrimoine familial, ce qui entraîne une tout autre forme d'intervention. Le trouble mental est alors associé à la prodigalité, la dilapidation des héritages. Les magistrats appliquent de nouvelles procédures sur le modèle romain de la curatelle et de l'interdiction, qui viennent remplacer les coutumes de la garde et du bail.
Quant au roi, "fontaine de justice" et personne sacrée, n'est-il pas censé protéger les faibles et parmi eux les fous ? En fait, l'ingérence des juges royaux dans ces affaires familiales se fait au cas par cas, rétablissant l'ordre dans le lignage et sur la place publique.
La fête des Fous
L’historienne Maud Ternon, disciple de Claude Gauvard développe dans cet ouvrage une analyse de la folie sous un angle novateur : celui de la justice médiévale. Si les travaux de Michel Foucault à propos de la folie au Grand Siècle restent une référence, cet ouvrage entend déplacer l’étude de la folie sur la fin du Moyen Age, au prisme des sources judiciaire. Au-delà de l’érudition et du travail de critiques des sources, l’historienne nous dévoile toute une société médiévale où la folie tient une place particulière, entre rejet et fascination.
Un ouvrage agréable à lire qui met l’érudition au service d’une analyse de la société et des rites médiévaux.