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Il y aura bientôt quarante ans, Françoise Dolto créait la Maison verte. Mêlant prévention et socialisation, éducation et psychanalyse, la pratique de l'accueil des jeunes enfants (de la naissance à quatre ans) et de leurs parents se situe à la croisée de divers champs de savoirs et de pratiques. Pour qu'un tel lieu perdure, reste subversif et conserve son efficacité, une éthique rigoureuse est nécessaire.
C'est à partir de cette exigence et du souhait de transmettre ce que cette expérience de l'accueil nous a apporté depuis un peu plus de quinze ans que nous avons souhaité questionner la clinique de ce lieu. Nous souhaitons montrer combien est pertinente et nécessaire la référence à la psychanalyse dans le délicat exercice de l'accueil. En effet, celui-ci se fonde sur une attention particulière au sexuel infantile, c'est-à-dire à l'inconscient.
Toutefois, si la pratique de l'accueil s'inscrit dans le cadre de ce qu'il convient d'appeler la psychanalyse en extension, l'accueillant n'y est pas en tant qu'analyste mais plutôt en tant que citoyen analysé, comme le disait F. Dolto. Cela rappelle et souligne la dimension politique que recouvre un des aspects de ce projet au sein de la cité à travers la prise en compte du lien social et l'attention portée au collectif.
Conçu comme une boîte à outils théoriques pour penser l'accueil, ce livre a pour but d'essayer de comprendre ce qui se trouve humainement engagé dans cette pratique, tout en interrogeant le bien-fondé de tel ou tel mode de fonctionnement propre au dispositif Maison verte, son style, pourrions-nous dire, pour rendre possible "l'humanisation de la petite enfance".