Dans les années 1960 et 1970, l'Etat pilotait lui-même le développement du système scolaire français. Puis peu à peu, au long des années 1980, les politiques éducatives se sont " territorialisées " : zones d'éducation prioritaires, bassins emploi formation, formations complémentaires d'initiative locale, projets d'établissement, antennes universitaires, implications des municipalités, des départements et des régions dans l'éducation et la formation, etc. Pourquoi ? Comment ? Avec quels effets ? Qu'est-ce qui est en jeu dans les espaces nouveaux qu'ouvre la territorialisation des politiques éducatives ? Ces questions sont au centre d'un livre qui passe au crible de la recherche les idées reçues et les idées nouvelles, avec la volonté d'établir les faits, d'analyser les logiques, de peser les mots, les concepts et les discours.
Nouvelles, les relations entre l'école et le local ? L'histoire montre que la nouveauté est loin d'être aussi radicale qu'on le croit parfois. Construire contre l'Etat, la décentralisation de l'école ? Mais c'est l'Etat qui l'a voulue... Plus efficace, plus démocratique, l'école liée au local ? Parfois, mais il existe aussi des bureaucraties locales et certains ont vite fait de se prendre pour le ministre de l'Education de leur territoire. Nouvelle en tout cas la façon de penser la politique scolaire à travers des concepts comme contrat, partenariat, réseau. Nouvelles également certaines compétences désormais requises des acteurs de l'école, enseignants, administrateurs et gestionnaires, mais aussi élus, responsables techniques des collectivités territoriales, militants associatifs, etc.
C'est à ces acteurs, et plus généralement à tous ceux qui s'efforcent de comprendre ce qui se passe et ce qui se pense entre l'école et le local, que s'adresse ce livre, fruit du travail d'un réseau de chercheurs. Ce réseau, financé par la Direction de la recherche du ministère de l'Education nationale, comprend des équipes de sociologie et de sciences de l'éducation des universités de Bourgogne, de Paris V, de Paris VIII, de l'INRP. L'ouvrage a été coordonné par Bernard CHARLOT, professeur de sciences de l'éducation à l'université de Paris VIII.