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L'oeuvre romanesque de Stendhal n'a jamais cessé d'interpeller les différents courants de la critique littéraire. Après la curiosité suscitée par le caractère misanthropique d'Octave (Armance), la fascination exercée par Julien Sorel (Le Rouge et le Noir) ou Fabrice del Dongo (La Chartreuse de Parme), on s'intéressa à dégager les spécificités de cet univers imaginaire qui avait jeté le soupçon autant sur la société que sur les arts de son époque.
L'une de ses caractéristiques, et non des moindres, c'est sa cohérence, en dépit de la diversité de ses intrigues, autour de certaines figures obsédantes, (celle du Père, de la Mère, de la Maîtresse...) aux sentiments contrastés ou ambivalents et qui suscitent chez le protagoniste principal des réactions de parfaite soumission parfois, mais le plus souvent de rejet, de révolte ou de violence. Autant d'attitudes symptomatiques de ce que le personnage reconnaît lui-même comme étant la somme de sa monstruosité ; une monstruosité morale, psychologique avant d'être physique.
C'est cette unité d'ensemble et la récurrence de certains réseaux thématiques qui avaient fait dire à Claude Roy "qu'une psychanalyse des romans de Stendhal serait sans doute moins arbitraire que la même opération appliquée aux romans de Le Sage ou de Balzac." Il ne s'agit pas ici d'une "psychobiographie" de Stendhal, comme Sigmund Freud l'avait pratiquée dans ses premières interprétations de la littérature (Gradiva de Jensen), mais de nouvelles théorisations psychanalytiques qui, à travers la "psychocritique" de Charles Mauron, la textanalyse de Jean Bellemin Noel (Vers l'inconscient du texte) et d'autres, nous ont permis, dans un premier temps, de baliser les relations qui se jouent dans ce que Freud appelle "Le complexe parental", et d'analyser, dans une seconde partie, les symptômes du héros monstrueux.