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La " maison des jeux " est ici la métaphore suggestive de ce lieu magique de confluences et de conflits où s'opère, dans la France du XVIIe siècle, une double révolution : de la science et du roman. Le climat culturel de l'époque est filtré à travers l'activité de Charles Sorel, auteur complexe et multiforme, qui donne avec l'Histoire comique de Francion le roman le plus intéressant et le plus singulier du siècle, et propose le premier anti-roman avec le Berger extravagant, en revisitant patiemment, loin de tout dogmatisme, les méandres secrets du connaissable, Entre Bacon et Descartes, entre Galilée et Naudé, sa Science universelle représente un rêve utopique de connaissance globale et tend à détruire une culture fondée à la fois sur les résidus de l'aristotélisme et sur les séquelles de l'occultisme de la Renaissance.
Une passion démesurée pour l'argumentation anime Sorel : le chemin de la vérité passe par le jeu funambulesque du Pour et du Contre. Et non seulement la littérature mais tous les usages du monde - comme il le démontre dans sa Maison des jeux - ne sont que rites et jeux. A la discussion sur roman/anti-roman qui commence avec Sorel se rattache celle sur Scarron et sur Furetière, considérés comme les deux représentants majeurs du roman dit " réaliste " au XVIIe siècle ; on propose ici, précisément, une révision du concept de " discours réaliste ", à entendre non plus comme discours qui reproduit la réalité, mais comme discours qui feint de la reproduire : où " réalité " signifie aussi la pratique de la fiction narrative explicitée comme telle.
La seconde section du volume, le " théâtre du monde ", répond aux questions de la première partie, en examinant, dans le rituel scénique de Molière, la dénonciation des jeux de fictions dont la réalité est faite.