J’ai beaucoup aimé le dernier roman de Michèle Jullian : « La tentation du désert ». Michèle Jullian m’a emmené dans un monde que je connaissais bien mal et que j’ai découvert grâce aux nombreuses descriptions et observations géographiques, historiques, cultuelles et culturelles qui forment le décor de son roman. Il est évident que Michèle Jullian sait de quoi elle parle : elle connait ce Maroc où se déroule l’histoire de ses personnages, elle s’y est rendue plusieurs fois, elle fait parler les acteurs de son livre et s’est documentée pour compléter les points de référence.
Ne serait-ce que pour cela, ce roman qui sent le « vrai » m’a intéressé, nous ne sommes pas loin d’un réel travail d’ethnologie !
Mais ce livre est surtout un roman. Trois personnages principaux vont l’animer. Si différents mais tellement imbriqués les uns par rapport aux autres. L’idéaliste Lucy, toujours à la recherche d’un amour absolu, exclusif, impossible, qu’elle pense avoir trouvé dans le désert et qui, hélas, va en mourir. Gabrielle, la journaliste, l’amie de toujours, qui veut comprendre pourquoi Lucy est morte, quitte à se rendre dans ce pays où réside le responsable supposé de la perte de son amie d’enfance. Ces deux amies auront donc un point commun : il s’appelle Ithri (étoile en berbère), un beau berbère, guide et chamelier. Un chasseur. Ses proies ? Les touristes, pour des étreintes fugaces et interdites. Autodidacte, Ithri séduit par les mots. Lucy n’y résistera pas. Mais Lucy attend de son inaccessible étoile ce qu’il ne peut lui donner : qu’il lui dise « je t’aime » et qu’elle soit son unique amour. Les impossibilités sont trop nombreuses : la pression familiale, l’empreinte culturelle, le poids de la religion, la loi tout simplement… Ithri ne triche pas : il est « comme ça », vivant trop dans la peur des interdits. J’ai trouvé le personnage de Ithri touchant et attachant : il n’est pas « seulement » le vil séducteur d’un soir. Les relations que Gabrielle va tisser petit à petit amènent une empathie croissante à l’endroit de Ithri. Jusqu’à la dernière ligne, on prend un réel plaisir à découvrir un homme bien plus complexe qu’il n’y paraît. Gabrielle veut-elle seulement comprendre ou venger la mort de son amie ? Je me suis surpris à lire plus rapidement la fin de ce roman, impatient que j’étais d’en connaître l’issue.
L’écriture de Michèle Jullian est très agréable. Les mots s’enchaînent de manière très fluide, les paragraphes et chapitres sont suffisamment courts pour permettre les pauses de lecture toujours nécessaires. Certains termes berbères ou arabes sont traduits et/ou expliqués simplement et clairement. Il me semble que lorsqu’on commence à livre ce livre, il est difficile de ne pas continuer jusqu’à l’épilogue. A propos d’épilogue, on ne peut que ressentir une certaine émotion en lisant la dernière phrase…
Oui, j’ai vraiment aimé ce livre que je recommande chaudement.
Roman nomade
Roman sensuel, parfois cru, toujours poétique. Où l'on apprend le sens "d'amour à la nomade", de "abelou" ou de "madame cinq" sur fond de culture Amazigh et d'Histoire .
A lire pour la découverte, le frisson, l'illusion de l'amour dans le desert