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"La Littérature est la Parole d'un Temps", écrivait Hélène Bessette. Mettre en regard son roman, La Tour, l'un des premiers à prendre pour décor et pour sujet la société de consommation, avec Les Choses de Perec et La Guerre de Le Clézio permet de vérifier cette assertion en observant comment une partie de la littérature des années 60-70 consigne et interroge le contexte socio-culturel et littéraire dans lequel elle s'écrit.
Chaque livre s'enrichit de la confrontation avec les deux autres et ces regards croisés font revivre la dernière décennie des Trente Glorieuses dans son ambivalence. La poétique de la ville, la représentation des choses du monde contemporain, les variations d'une oeuvre à l'autre sur la question du bonheur consumériste présentent la pièce des "Golden Sixties" en trois actes : l'aspiration à l'ascension sociale pour tous, la submersion des individus par l'excès des produits de la société de consommation, la révolte de la jeunesse contre ce modèle de société, dont les événements de Mai 68 ont été le catalyseur.
Les trois romanciers saisissent la réalité de l'époque dans une langue et une forme romanesque originales qui repensent aussi bien les conventions du réalisme que les apports de la" littérature du soupçon". Souligner le caractère pionnier de ces" fictions singulières", associer Hélène Bessette à ses illustres successeurs, c'est" rendre justice" à cette auteure injustement méconnue, et donner forme à son espoir d'être" reconnue trente ou cinquante ans après sa mort".