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Sous l'Ancien Régime, le jardin d'agrément, sans autre utilité que le plaisir, est un luxe réservé à quelques heureux. Ils exercent une fascination curieuse et renferment des raretés artistiques et botaniques qu'admirent invités ou voyageurs triés sur le volet. La Révolution française, bouleversement social et politique, voit aussi changer la perception du bien commun. La ville passe dans les mains de ses habitants qui en réclament la jouissance pour tous.
Un nouvel espace urbain se crée et se définit progressivement : celui du jardin public. Jusqu'au XXIe siècle, les jardins privés auront toute leur importance dans la construction des réseaux de parcs publics urbains, lieux de rencontre et de fête. Saisis, donnés ou achetés, transformés, lotis, mis en culture, amputés ou agrandis, ils s'ouvriront alors à de nouveaux visiteurs. Pour découvrir les enjeux symboliques, formels, esthétiques et pratiques de cette transition, cet ouvrage suit les pas de personnages emblématiques : Thomas Blaikie, botaniste écossais arrivé en France en 2775, aménage pour des aristocrates des jardins dans le nouveau goût anglais ; le citoyen Vallé, jardinier de l'hôtel Cassini rue de Babylone, le convertit en verger pour nourrir les Parisiens, mais conserve son intérêt ornemental ; ou encore Albert Kahn, qui fait de son immense jardin à Boulogne un lieu de rencontre entre artistes et intellectuels des quatre coins de la planète.
Une promenade parmi les jardins avec ceux qui les ont pensés.