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Bien des romans d'aujourd'hui s'emploient à nous montrer les hommes et les femmes broyés par l'histoire. Mais avec ce récit cette terrible réalité se transfigure aux dimensions du légendaire, du conte fantastique. Parti des confins de la terre et de l'eau, Victor-Flandrin Péniel, portant au cou les larmes de son père dont le visage fut sabré en 1870 par un uhlan, et toujours accompagné d'une mystérieuse ombre blonde, viendra s'établir dans un hameau perdu au bout du territoire et encerclé de forêts où rôdent encore les loups.
C'est dans ces terres frontalières, par où la guerre sans cesse refait son entrée au pays, et dans la vie et la mémoire des hommes, que Victor-Flandrin, dit Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup, prendra femme, par quatre fois, et engendrera une nombreuse descendance, toute marquée par la gémellité et la violence de la passion. Tous ces personnages auront à combattre dans la nuit de l'histoire, à lutter jusqu'à la folie de la fidélité contre la mort, la trahison et l'oubli de l'amour, comme ce frère rescapé de Verdun où son jumeau a disparu, mais on ignore lequel, et qui revient assumer deux femmes dont l'une accouchera d'une myriade d'insectes et l'autre d'un petit bossu qui recèle dans sa difformité toute la tendresse du monde.
On ne peut s'empêcher de croire à ces hommes et à ces femmes qui semblent sortis d'une fable, de reconnaître en eux notre temps, ses guerres, ses blessures et ses mythes.