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On peut aujourd'hui entendre la Sociologie en la présentant
comme et par une "science des systèmes complexes", en
entendant ici les systèmes sociaux dans leurs irréductibles
complexités : les développements contemporains du
paradigme de la "pensée complexe" ou de la "complexité
générale" permettant de ne plus la restreindre à l'étude de
systèmes fermés appréhendables exclusivement par des
méthodologies aussi formalisées que possibles, ceci sans pour
autant les exclure.
L'examen des œuvres de trois sociologues
contemporains remarquables par leur aptitude à des
navigations transdisciplinaires solidement argumentées, Edgar
Morin, Anthony Wilden et Jesus Ibanez, en témoigne : on sait
la familiarité de leurs échanges avec bien de physiciens,
chimistes, biologistes ou neurologistes tels que H. von
Foerster, I. Prigogine, F. Varela, H. Maturana ou H. Atlan,
comme avec des chercheurs en sciences humaines tels que G.
Bateson. Au sein du cadre paradigmatique général ainsi
ouvert, les ressources méthodologiques computationnelles
développées progressivement depuis la fondation en 1984 de
l'Institut Santa Fe aux Etats-Unis sur les bases du paradigme
classique toujours dominant en science, hérité de Descartes,
Newton et Galilée, peuvent trouver une sorte de revitalisation
épistémologique. On s'est attaché à les explorer en tentant
d'identifier les conjonctions épistémologiques autorisant des
interprétations légitimables dans le champ des systèmes
complexes ouverts tels que les systèmes sociaux.
L'examen de
bien de méthodes formalisées d'étude de systèmes très divers
(automates cellulaires, simulation multi-agents, réseaux
neuronaux, Vie Artificielle, Sociétés Artificielles...)
développées par des chercheurs tels que M. Gell-Mann, J.
Holland, Ch. Langton, S. Wolfram, J. Epstein, R. Axtell ou R.
Axelrod, s'avère certes passionnant en soi, mais surtout, il
révèle l'opportunité d'intégrer ses apports méthodologiques au
sein de la vision du monde épistémique plus ample et
englobante de la pensée complexe, pour pouvoir ainsi enrichir
une sociologie assumant sa complexité en s'intégrant dans
l'étude des systèmes anthropotechniques en permanent
renouvellement.