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La notion de peuple désigne de nos jours péjorativement l'ensemble d'individus appartenant aux couches "inférieures" et défavorisées de la société, par opposition à l'aristocratie. Mais le peuple constitue aussi et à juste titre, ce sur quoi se fonde le pouvoir d'une république. Anonyme, muselé, martyrisé, tué, le peuple en postcolonie, est le plus souvent à l'origine de profonds bouleversements sociaux.
Ceci se vérifie aujourd'hui, surtout depuis que dans le nord de l'Afrique de tradition arabo-musulmane, des régimes autoritaires et corrompus ont vu se dresser contre eux des mouvements populaires parfois sanglants qui ont provoqué leur chute. C'est aussi au sein du peuple, déchiré par des crises d'ordre ethnique, culturel, identitaire, idéologique, religieux, que surviennent des tensions provoquant de véritables massacres comme le génocide au Rwanda en 1994 ou les affrontements interreligieux de plus en plus violents au Nigeria.
La littérature africaine étant essentiellement orientée vers le fait social se trouve ainsi interpelée. Le présent ouvrage s'interroge sur le statut du "peuple" en postcolonie et les modalités de sa littérarisation dans la littérature africaine contemporaine.