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Jamais, avant le XXe siècle, le magistère romain n'a défini avec autant de précision ce qui est permis et ce qui est défendu en matière sexuelle. Ce siècle est jalonné de textes qui se voulaient définitifs : Casti connubii (1930), Humanae vitae (1968), Evangelium vitae (1995). Pourtant, les laïcs les plus convaincus ont remis en question l'éthique sexuelle traditionnelle et, dès les années cinquante, nombre de théologiens ont témoigné d'une approche nouvelle.
Pour eux, la volonté de Dieu ne se lit plus dans la "loi naturelle" mais se cherche au coeur de l'expérience des croyants. L'encyclique Humanae vitae, en 1968, a révélé au grand jour la crise de la morale catholique. Quant à Jean-Paul II, il a tenté tout au long de son pontificat de rétablir l'autorité de la doctrine traditionnelle en la proclamant, sinon infaillible, du moins immuable. Mais le pape polonais n'a pu soumettre nombre de théologiens.
L'ouvrage de Martine Sevegrand expose, en un langage accessible à tous, le travail de déconstruction et de proposition de ces théologiens dans le cadre français. Aujourd'hui, la révélation des abus sexuels commis par des prêtres a fini de délégitimer l'enseignement traditionnel. Bien au-delà de la casuistique, Rome admettra-t-elle enfin qu'elle doit se contenter de proposer modestement quelques grands principes éthiques et humanistes, abandonnant ainsi la prétention de régenter les pratiques sexuelles de ses fidèles ?