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Intimement convaincu qu'une hygiène de vie exemplaire est la meilleure garantie d'une longévité exceptionnelle, Raphaël Fervent s'est astreint, durant toute son existence, à une sobriété sans reproche. Mais le sort est plus sournois qu'un serpent lové dans un coin. A cinquante ans, alors qu'il se sent encore à la fleur de l'âge, où toutes les folies libertines sont encore envisageables, avec stupeur et désarroi, Raphaël voit brutalement s'obscurcir le phare de son avenir.
Il est en effet atteint de la pathologie la plus redoutée du mâle imbu de sa virilité : le cancer de la prostate. " Probabilités de prédisposition ethnique ", lui a expliqué l'urologue. Vérités scientifiques ou préjugés raciaux ? En tout état de cause, une allégation de plus à ajouter à la liste déjà si longue de spécificités dépréciatives concernant la race noire. Les hommes de science lui donnent l'assurance d'une guérison complète par la chirurgie ablative, l'extrême recours, mais émettent quelques réserves quant au recouvrement de la plénitude de ses capacités sexuelles...
Après quelques hésitations bien légitimes eu égard à l'importance qu'il accorde à la sexualité, faisant confiance à ses qualités mentales hors du commun, Raphaël Fervent accepte de passer sur le billard. Sa virilité d'antan, il se charge de la recouvrer, car si la négritude semble être une tare, il y a une chose dont il est certain : les nègres ont la peau dure.