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Incompris ou délibérément réinterprété, le livre Le problème de l'irrationalité dans l'esthétique et la logique du XVIIIe siècle (1923) d'Alfred Baeumler infuse, depuis bientôt un siècle, une vision du monde redoutable dans le discours scientifique. Partant du constat que la victoire militaire sur le national-socialisme en 1945 n'a pas entraîné une dénazification approfondie, cette étude décèle patiemment son véritable propos.
De fait, la dimension spirituelle, qui fait s'affronter des visions du monde, est restée en marge des jugements sur les acteurs du nazisme. C'est pourtant cette dimension qui devait mener à son terme la guerre totale annoncée. En effet, la vision du monde nationale-socialiste vise une transformation totale de la conscience à travers des processus éducatifs multiples, à peine perceptibles ; elle cherche à instituer un climat socioculturel qui la rende acceptable.
Cet ouvrage propose une approche à la fois scientifique et philosophique de ce phénomène : il rappelle la réalité d'une conscience individuelle et la capacité de chaque homme à la reconnaître ; et conclut sur ce que la vision du monde völkisch vise à interdire cette prise de conscience. Il se confirme alors que Baeumler a rédigé son histoire de l'esthétique allemande pour légitimer et propager la vision du monde völkisch, ce que décèle son vocabulaire au code devenu enfin transparent.