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Il y a des livres qu'on écrit parce que le coeur déborde et qu'il ne peut plus contenir ce qui l'a ébranlé. Ces livres, généralement, commencent par la fin, tragique, insoutenable et insupportable. Ils montrent ensuite, au fil des pages, comment, en dépit de tout, au-delà du gouffre, le cours de l'existence a trouvé la force de se poursuivre alors qu'il a semblé se fracasser contre le pire des drames humains, celui que l'on connaît quand l'enfant à qui on a donné la vie a choisi, parce qu'il était confronté à un trop-plein de douleur, de se donner la mort.
Ecrire un livre comme celui-là, on ne le fait pas pour qu'il ressemble à un long gémissement, à une plainte que l'on traîne en longueur ou à une tristesse que l'on traîne en langueur. On l'écrit pour témoigner d'un cheminement qui parle d'une reconstruction possible, difficile mais possible. On l'écrit aussi parce qu'on désire être utile en dénonçant un fléau comme le cyberharcèlement, en espérant que les choses bougeront enfin pour que plus aucun parent n'ait un jour à traverser cette même épreuve.
Un livre comme celui-là, on ose l'écrire même si on n'est pas écrivain parce qu'on devine qu'il suffira d'attendre la nuit, de lever les yeux au ciel puis de tremper sa plume dans l'émotion en fixant une étoile et en la laissant, en scintillant, nous dicter le texte : toutes les mamans le savent, une vie d'enfant qui s'éteint, c'est, dans leur coeur, un astre qui se met à briller en murmurant tout doucement tout ce que l'enfant n'a pas pu ou n'a pas osé dire de son vivant...