En cours de chargement...
Ce travail, amorcé en 2008 par l'Observatoire de l'évolution, est une contribution à la refondation du politique à laquelle les humains sont nécessairement tenus pour préserver une vie sur Terre non machinale et éviter de se retrouver ensevelis sous un champ de ruines sociales. En premier lieu, il s'agit de comprendre la raison et la force de ce qui arrive, puis le moyen d'y faire face. L'hypothèse est que la société industrielle, en tant que société de masse, n'est pas réformable.
La voie d'une réhabilitation du politique se trouve donc en partie dans une détermination à vivre autrement qu'en suivant les injonctions de la puissance dominante, et dans le renoncement aux anciennes formes de l'engagement. Ce qui suppose d'inventer de nouvelles modalités de vie, sans attendre un changement social généralisé. Une vie humaine désirable a besoin de s'ancrer dans des territoires habitables.
Ce n'est qu'à partir de là qu'il devient possible de formuler les questions existentielles fondamentales. C'est par l'invention d'une nouvelle condition paysanne que l'humain sera en mesure d'oeuvrer à satisfaire ses besoins essentiels et pourra tenter de rétablir un tissu de relations harmonieuses avec ce qui l'entoure. La composition du manifeste laisse entendre une multitude de voix réunies par l'Observatoire de l'évolution, lieu informel animé par Jean Druon.
Ce dernier aspire à renouer avec une vie paysanne envisagée comme une voie d'émancipation. Il a cofondé le projet des Terres communes de la Fontié (Tarn) auquel il participe. Il est auteur-producteur de films documentaires parmi lesquels Un siècle de progrès sans merci (2000), Alerte à Babylone (2005) et Le Passage du Nord-Ouest (2014).
Redevenons paysan !
"Il ne saurait exister de civilisation sans qu'existe en son sein une société paysanne respectée."
De cette phrase découle le constat de ce manifeste: depuis que la paysannerie a été éradiqué tout au long du XXe siècle, notre société industrielle ressemble plus à une barbarie qu'à une civilisation.
Loin des appels insurrectionnistes ou des programmes tièdes et bien-pensants, ce manifeste définit la seule voie d'émancipation possible face à l'aliénation économique, bureaucratique et technologique: redevenir paysan. Mais attention, ici le paysan n'est pas réduit à celui qui cultive la terre. Ni profession ni statut social, cette "nouvelle condition paysanne" est un mode de vie. Le paysan, c'est celui "qui se demande comment vivre à l'endroit où il se trouve", en mutualisant les moyens locaux à mettre en oeuvre pour se passer d'un pouvoir central. Autrement dit il s'agit de retrouver une certaine autonomie dans la production de nos conditions d'existence (nourriture, logement,...) par le retour à un mode de vie disparu, qui n'avait pas que des défauts et en le débarrassant justement de ses défauts.
Toute cette réflexion tient dans un texte court et simple émaillé de transcriptions de discussions entre quelques personnes ordinaires donnant leur point de vue sur ces questions. En outre, ce manifeste retrace aussi de manière claire et synthétique l'histoire de l'avènement de la société industrielle et l'agrémente de manière pertinente d'une riche iconographie (tableaux, photos, photos de films,...) et de citations bien senties (S. Weil, B. Charbonneau, G. Anders et cie) .
Saluons les éditions de l'Echappée pour avoir édité ce bon et bel ouvrage!