Biographie d'Ango Sakaguchi
Sakaguchi Ango, né en 1906, est issu d'une famille de notables provinciaux en déclin. Le tableau très fin de race qu'il propose des Utagawa dans Meurtres sans série n'est d'ailleurs pas sans rappeler le destin de sa propre famille. Ango, comme on le désigne couramment au Japon, devient instituteur avant de reprendre des études de philosophie et de religion. Il étudie alors le français, le sanscrit, et décide de se consacrer à l'écriture.
Très tôt sensible à la déchéance du Japon dans la période troublée des années 1930, puis de la guerre du Pacifique, il écrit à ce sujet deux essais audacieux, Point de vue personnel sur la culture japonaise (1942) et La Chute (1946), qui le rendent célèbre et qui constituent toujours des repères importants de l'histoire intellectuelle japonaise. Dès la fin de la guerre, il publie ses récits les plus importants, L'Idiote, Une femme et la guerre (1946), Je voudrais étreindre la mer, Sous les fleurs de la forêt de cerisiers (1947).
Il fait aussi des incursions dans la littérature populaire, du côté des romans historiques et policiers. Il obtient même le prestigieux prix du Club des auteurs de romans policiers en 1948 pour Meurtres sans série, paru l'année précédente, qui est aujourd'hui considéré comme un classique — pourtant bien paradoxal — du genre. Ecrivain aussi sulfureux que tes personnages qu'il décrit dans son oeuvre, alcoolique, drogué, Ango meurt précocement, en 1955, à l'âge de 49 ans.
Malgré l'abondance et la qualité de son oeuvre, cet écrivain à l'esprit volontiers provocateur et ironique reste encore méconnu en France.