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Depuis trois décennies, les zones cotonnières de la vallée de la Bénoué au Nord Cameroun sont le lieu d'accueil des populations appelées "migrantes". De religion animiste ou chrétienne et d'origines ethniques multiples, elles s'installent sur les territoires dominés depuis deux siècles par les chefferies foulbé musulmanes, les Lamidats. Leur présence est tolérée sur les lieux d'accueil en tant que force productive pour la culture cotonnière, mais leur reproduction sociale et culturelle les maintient dans un statut d'allochtones.
Ce caractère dédoublé des migrants révèle l'ambiguïté de leur gestion sur les territoires foulbé. Un détour par l'histoire témoigne de la récurrence du phénomène. Cette étude montre le mouvement individuel et instable dans lequel sont pris les migrants. Ces derniers représentent-ils un des points d'équilibre d'un enjeu politique national ? Dans quelle mesure leur contribution aux élections multipartistes de 1992 a-t-elle pu, en dissociant leur choix politique individuel de leur appartenance territoriale, soutenir le parti au pouvoir, via le Lamido (chef traditionnel) ? Ceux des autochtones foulbé qui sont sympathisants de l'opposition, s'y maintiendront-ils ? Seront- ils invités en cela à troquer leur légitimité territoriale pour une autre identité qui n'est pas sans lien avec un Islam dont il faudra alors renégocier la place dans le champ politique ?