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Le Journal de la liberté de la presse témoigne de la perte de sens provoquée par le cataclysme de Thermidor. Babeuf, longtemps emprisonné à l'époque de la terreur, crut qu'une tyrannie avait été anéantie. Son journal en porte la trace et nous fait comprendre le chemin que cet esprit lucide et profond parcourut jusqu'à élucider ce crime, que l'on nous fait encore et toujours lire comme la fin d'un cauchemar.
Il répara son erreur du début et dévoila la conspiration des puissants ; avec Le Tribun du Peuple, il aboutit à l'idée fondamentale que les patriotes n'ont pas de secret ; qu'isolés ils sont perdus ; et il porta leur parole. Mais de piètres lecteurs, des esprits forts et des hâbleurs notoires affirmèrent que Babeuf avait évolué, de thermidorien à ultra-anarchiste. Il ne fut ni l'un ni l'autre. La lecture, dûment informée par l'appareil critique que je propose, autorise à faire justice des commentaires frauduleux.
L'objet du second journal est tout autre ; c'est du bonheur du Peuple qu'il est question ; ce n'est pas ce qu'on nomme par dérision utopie ; Babeuf ne pose pas comme réalisé ce qui n'est qu'un horizon, mais qu'il faut se donner, parce que c'est le destin des hommes. Ce journal nous découvre une analyse profonde et passionnée de la Révolution ; un critique radical de la domination et de l'oppression, même et surtout subie sans résistance.
On a déversé sur Babeuf des torrents d'infamie ; il ne fut pas compris ni en son temps ni aujourd'hui où domine la pensée formatée.