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Le savant et philosophe mulhousien J-H Lambert (1728-1777) est l'un des auteurs les plus prolifiques et les plus éclectiques du siècle des Lumières. La qualité de son oeuvre scientifique le place parmi les meilleurs artisans des sciences exactes du XVIIIe même si son renom a souffert en partie des brillants travaux de ses contemporains et successeurs tels que Euler, d'Alembert, Lagrange, Laplace, Gauss.
En 1729, P Bouguer (1698-1758) dans son "Essai d'Optique sur la gradation de la lumière" jette les bases de la technique photométrique qui repose sur la propriété de l'oeil d'apprécier avec une bonne précision l'égalité de luminance de deux surfaces lumineuses observées simultanément. Lambert le sait lorsqu'il entreprend d'écrire la "Photometria...". Mais pour édifier sur des bases solides la mathématique de cette nouvelle science, il faut mettre au jour les principaux concepts et ainsi s'affranchir, autant qu'on le peut, du caractère subjectif des sensations lumineuses.
C'est d'abord ce à quoi s'efforce Lambert. Puis, prenant comme exemple de source lumineuse le Soleil, il formule "sa loi" : les sources lumineuses ont une luminance indépendante de la direction d'émission (aujourd'hui on sait que seul le corps noir suit cette loi). L'autre notion importante inventée par Lambert et qui découle de "sa loi" est celle d'albédo d'une surface diffusante. Il définit ainsi les notions de "diffuseur intégral" et de "diffuseur parfait".
Ces hypothèses simplificatrices, que l'on utilise encore actuellement en première approximation, ont l'avantage de ramener l'ensemble des problèmes de photométrie à des problèmes de géométrie et d'analyse. En habile géomètre, Lambert met en évidence l'autre notion fondamentale de la photométrie, à savoir ce que nous appelons "l'étendue géométrique d'un faisceau lumineux". Les bases de l'édifice sont alors en place et permettront dès lors à Lambert de mettre en équations et de résoudre les principaux problèmes d'éclairagisme et en partie ceux de la photométrie instrumentale.
Cette traduction de la "Photometria..." qui selon Lagrange est un vrai modèle du genre de recherche effectué par Lambert, rend donc un hommage justifié à un savant souvent cité mais peut-être encore mal connu.