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Dans la Recherche du temps perdu, Odette et Swann ne disent pas "faire l'amour" mais "faire catleya" : ils recourent à ce que Proust appelle une "langue moins générale, plus personnelle, plus secrète que la langue habituelle". De même, dans ses lettres à sa fille, Mme de Sévigné invente une langue à part, un chiffre amoureux et secret qu'elle confectionne à partir de citations, de mots étrangers et d'expressions en tout genre.
Durant un quart de siècle (1671-1696), cette langue lui permit d'exprimer de manière spirituelle, authentique et profonde une passion hors du commun que la prose classique était inapte à dire. Par ailleurs, tout en constituant la clef de voûte des Lettres, cette langue répondait, sans doute pour la première fois dans l'histoire, aux exigences fondamentales du genre épistolaire : celles d'être une "conversation entre absents" et un "miroir de l'âme".
Elle apparaît ainsi à la fois comme le ressort essentiel de l'oeuvre et le couronnement du genre : comme le secret d'une poétique personnelle – celle de Mme de Sévigné – et la clef d'une poétique générique – celle de la lettre