Pour en finir avec la cour martiale du Grand-Bornand

Dans un livre récent Michel Germain prétend révéler «la Vérité Vraie» (sic) sur le procès de la Milice et des miliciens du 19 au 24 août 1944. Il s'élève avec vigueur contre les «révisionnistes» qui trahissent l'Histoire. Je ne puis m'empêcher de me sentir concerné par ce qualificatif qui est devenu synonyme de falsificateur de l'histoire. M'y oblige le fait que le brillant auteur produit dans les annexes photographiques de son livre la couverture de mes ouvrages et deux articles de presse consacrés à ceux-ci évoquant le sujet, cela afin d'étayer sa réflexion sur le «révisionnisme».
Pourtant le livre n'apporte aucune révélation précise inédite sur le déroulement du procès, il s'agit plus d'une suite de textes que d'une véritable recherche historique. De plus il publie un témoignage émouvant, celui de l'abbé Ducroz, qui vient corroborer ce que j'ai écrit ! J'avais 20 ans à la Libération et je l'ai vécue. J'appartenais à la Résistance, ce qu'attestent plusieurs documents qui précisent le nom de mes chefs notamment le capitaine Peccoud (Quino), chef de la Résistance à l'origine de la reddition des Miliciens d'Annecy.
J'ai été l'avocat stagiaire, collaborateur du bâtonnier Bouchet (l'un des avocats chargés de la défense des miliciens). J'en ai reçu les confidences. J'étais bâtonnier de l'ordre des avocats d'Annecy lorsque M. Comet (le procureur de la cour martiale du Grand-Bornand) a demandé son admission au barreau, ce que nous lui avons refusé eu égard au rôle qui fut le sien dans cette tragédie.