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Le soufisme africain des XIXe et XXe siècles s'inscrit dans une culture de rénovation islamique portée par des figures charismatiques. Il en est ainsi de Cheikh Ibrahim Niasse (1900-1975) fondateur de la Fayda Tijaniyya, un courant religieux né en 1929 et qui a donné lieu à une communauté de plusieurs millions de fidèles répartis dans différents pays. Les continuateurs et propagateurs de la Fayda, onttenté de perpétuer l'oeuvre de rénovation du maitre en redéfinissant la géographie de la communauté, à partir de l'exaltation de la pratique des voyages et de la circulation.
Cette politique du voyage redéfinit ainsi tout un espace d'imagination et d'action. Non seulement, elle est "source d'énergie et d'inspiration", mais en plus elle entre en jeu dans le réaménagement des institutions locales et dans l'émergence de nouveaux projets au sein de cette communauté religieuse. Les acteurs de la Fayda accommodent localement une sphère de pratiques dans un souci de répondre aux préoccupations de tous ceux qui viennent vivre à Médina Baye, siège historique de la Fayda, ou tout simplement pour convenir à tous ceux et celles que la communauté "croise sur les routes" de la vie.
Il en est ainsi du rapport renouvelé avec l'éducation et avec rengagement en faveur d'une hospitalité qui se traduit par la mise sur pied de nombreuses ONG et fondations ; autant d'initiatives qui non seulement traduisent l'affinité spécifique entre le religieux en circulation et le "souci des autres", mais renouvellent, en plus, les rapports entre la communauté religieuse, l'Etat, les forces du marché et les vecteurs de la techno-sphère globale (technologies de communication, internet, etc.)