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Lorsqu'en 1945 paraît le premier roman de Romain Gary, Education européenne, Emile Henriot s'exclame dans Le Monde : " Quelle joie devant un livre d'inconnu, de se sentir ferré, accroché dès la première ligne, et de pouvoir se dire à ne s'y point tromper : attention, il y a quelqu'un ! " Trente ans plus tard, des termes similaires reviennent sous la plume des critiques à propos de Gros-Câlin et de ce nouveau venu en littérature, Emile Ajar : une voix est présente et se fait entendre.
Une voix ou des voix ? De Tulipe à Europa, de La Danse de Gengis Cohn aux Enchanteurs ou Vie et mort d'Emile Ajar, l'oeuvre signée du nom de Romain Gary semble déjà elle-même composée de plusieurs voix. Caméléon et ventriloque, Gary anime et fait parler, traverse les générations, passe d'un univers à un autre - peu d'oeuvres sont aussi diverses et ont traité de sujets aussi variés dans la littérature française d'après-guerre.
Néanmoins l'unité d'une voix se fait entendre dans l'oeuvre à travers une fidélité sans faille aux idéaux de la France Libre, une attention précoce au vivant et à l'animalité, une oralité teintée d'humour et une inventivité verbale hors du commun.