Dans Une Saison en enfer, un homme parle de lui-même, mais sans se raconter ni se peindre. Il se dérobe quand il semble se livrer. Celui qui se confesse...
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Dans Une Saison en enfer, un homme parle de lui-même, mais sans se raconter ni se peindre. Il se dérobe quand il semble se livrer. Celui qui se confesse a droit au mensonge ; se souvenant, il a droit à l'oubli. Son discours paraît évoquer un espace, un temps, des faits, des personnages appartenant à une réalité extérieure au texte ; mais c'est le plus souvent en vain qu'on cherche cette réalité dans le vécu de l'auteur. Cette œuvre se présente comme une contre-autobiographie. Le cadre infernal et son diable sont traités avec désinvolture, et c'est à cet enfer dérisoire que se réfère une partie du texte. S'il s'agit d'une métaphore, la " traduction " reste encore plus sûrement entre les mains de l'auteur. Ce commentaire abstrait d'une vie, de la vie, feint de renvoyer à une situation précise déjà connue et son réalisme trompeur s'accorde à un type d'écart stylistique qui ne fait pas image. Le pari de ce JE palpable et insaisissable a lieu aux limites du néant : sa parole se fond avec son être en se dépouillant de sa référence et l'œuvre en arrive à se refléter elle-même.