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C'était la guerre d'Algérie. Il avait vingt ans et dans ses yeux des étoiles s'allumaient aux noms d'Orson Welles, de John Ford, de Chaplin et des autres. Quand on l'appela sous les drapeaux, le service cinéma des armées lui semblait promis. Mais le destin vous joue parfois des tours. Quand on lui demanda de décliner sa profession avant de l'incorporer, il répondit fièrement : cinéphile. L'adjudant de service comprit "cynophile" et l'expédia dam le bled comme maitre-chien ! Il se voulait cinéaste, il devint bidasse, fusil sur l'épaule, grenades à la ceinture, dans un voyage au bout de l'enfer où ses copains mouraient, où l'on torturait, où l'on tuait avant de partager la bière et de finir au paradis factice des amours tarifés.
Sa vie n'était pas du cinéma, et pourtant... Gérard Mordillat