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A quelles nouvelles sources d'émancipation pouvons-nous puiser dans le théâtre contemporain ? Brecht proposa autrefois de penser que le théâtre réinvente encore et toujours cette libération du regard qui nous restitue à notre pouvoir de transformation d'un monde : il s'agit d' "ôter le sceau du familier qui jusqu'ici le protégeait de toute intervention". A cet effet, il reconfigura le clivage entre une voie aristotélicienne, qui définit le théâtre comme imitation visant la purgation des passions, et une voie platonicienne qui le bannit de la Cité en raison d'un pouvoir ambigu de persuasion, quant à ce qu'elle propose exemplairement à l'identification.
Au XXe siècle, c'est donc une refonte intégrale de cette mise en perspective qui est théorisée et expérimentée à partir de Brecht avec ce qu'il a appelé la distanciation, à la faveur d'une nouvelle conception de la dialectique. Pour autant, en avons-nous fini avec les formes de fascination suscitée par ce que le théâtre met toujours en jeu en matière d'identification ? Par ailleurs, le théâtre prend aujourd'hui en charge quelque chose de la philosophie, concernant sa forme et son adresse.
Le théâtre devient le lieu où la philosophie s'expose et prend le risque de s'adresser à un public selon son mode argumentatif. Ainsi, le rapport contemporain que l'on proposera ici de la philosophie et du théâtre est-il tout autre chose que celui d'une esthétique accompagnant et soutenant l'élaboration artistique ? Théâtre et philosophie se rencontrent donc, mais pas au point où l'on s'y attendait d'un recours à la puissance poétique de la langue.