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Dans les villes qu'ils traversent, des gens nouveaux, décrits comme noirs, aux cheveux longs, aux barbes couvrant le visage, aux oreilles percées, aux vêtements extravagants, sachant guérir par enchantements et deviner l'avenir dans les mains, etc., s'offrent au regard d'Occidentaux souvent curieux, fascinés même, parfois méfiants, face à un tel "spectacle" exotique. Les Tsiganes sont arrivés aux portes des villes.
Leur premier passage attesté en France date de 1419. À la différence des autres étrangers qui parcourent la France au XVe siècle en petits groupes, les Tsiganes voyagent en troupes composées de plus de cent personnes. La relation à l'Autre est nouvelle : ce n'est plus une élite de voyageurs occidentaux qui découvre des peuples étrangers aux confins du monde connu ou imaginé, ce sont les étrangers eux-mêmes qui se présentent aux Occidentaux.
Cette étude repose sur un grand nombre de textes d'archives du XVe siècle pour la plupart inédits. Certains évoquent les origines de ces voyageurs, les raisons de leur étonnante migration en Europe occidentale. D'autres décrivent les Tsiganes dans leurs faits et gestes et révèlent avec un pittoresque typiquement médiéval comment ils ont été perçus par les Français de l'époque. Les détails qu'ils révèlent sur les corps et les habits de ces étrangers permettent plus encore de les retrouver dans les arts visuels du XVe siècle et de rassembler une iconographie insoupçonnée des Tsiganes au Moyen Age, bien avant Jacques Callot et Le Caravage.