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A la veille de l'an 2000, les millénaristes passaient pour des
superstitieux dont il était convenu de rire. Une dizaine
d'années plus tard, la fin du monde est. entrée dans nos
conversations, dans nos peurs, dans notre façon d'engager
l'avenir. Elle est le poids qui accuse notre humanité, qui
ralentit notre pas, qui coupe l'envie de penser à demain. Ce
livre entend ne pas laisser la fin du monde aux seuls discours
alarmistes ou moralisateurs.
Car la fin du monde, sitôt
regardée en face, parle à l'homme de ses désirs les plus
intimes. Elle met chacun en route vers cette peur plus
essentielle que celle de mourir : la peur de ne pas vivre
pleinement. Il est un pari qu'il faut oser : vivre ensemble la fin
du monde, avec tout ce que le verbe "vivre" recèle de lucidité,
bien sûr, mais aussi de courage, d'invention et de partage.
Alors le monde, par son absence même, se mettra à briller,
comme il ne l'a encore jamais fait…