C'est leur métier - ils .sont architectes - qui a conduit Pascal et Maria Maréchaux au Yémen il y a vingt ans (ils avaient vingt ans). Et c'est le Yémen, avec toutes les nuances de sa lumière, de ses lumières qui les fera photographes. Depuis lors; il ne se passe pas d'année qu'ils ne retournent s'immerger dans ce pays qui a su, comme aucun autre peut-être, garder dans les plis de sa mémoire vive le legs siècles enfuis : terre inspirée où se perpétuent les gestes d'un temps aboli, riche encore de tout ce dont nous ont privés notre désir d'oubli et la superstition moderne du progrès. Le Yémen lui-même n'est pas à l'abri des tristes mirages qui dévastent aujourd'hui ce qui reste du monde: Il fallait ici plus encore qu'ailleurs, un regard qui pût fixer sur une surface sensible la Beauté promise à l'effacement qui témoignât pour elle quand il en était encore temps. Telle a été la mission de P. et M. Maréchaux au long de ces vingt années. Ils ont appris la langue du pays, partagé le pain avec ses singuliers habitants, étudié leurs mœurs et leurs arts, leur prodigieux habitat, exploré leurs non moi prodigieux paysages - car tout ici a du génie, même la nature. Deux livres avant celui-ci ont jalonné leur lente approche, deux livres gui ont été diffusés dans le monde entier et qui ont assis leur réputation de photographes, car cette terre leur a appris toutes les leçons de la lumière : Village d'Arabie Heureuse, (Chêne, 1979); et Lunes d'Arabie (Agep-Vilo, 1987). Dominique Champault connaît P. et M. Maréchaux depuis longtemps et les a souvent accompagnés dans leurs pérégrinations. Responsable du département Proche Orient au Musée de l'Homme, elle n'a pas oublié la leçon d'un Michel Leiris ni son approche "poétique " du monde. Le texte qu'elle nous livre, pourtant en prise directe sur le réel le mieux repérable, le mieux repéré (tous les aspects de la vie du pays sont passés en revue avec le plus grand soin), est l'œuvre d'un authentique écrivain.