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Voici une famille de Juifs américains, les Bernstein, qui a réussi à Washington DC dans les années 1990 grâce au commerce en gros de vêtements vintage. Persuadés que tout, désormais, des habits aux idées en passant par les sentiments, est plus ou moins de "seconde main", ils s'efforcent de ne voir dans le passé qu'une valeur ajoutée. Soixante ans plus tôt, de l'autre côté de l'Atlantique, les Oxenberg achèvent de se hisser parmi la bonne société de la ville de Ia?i, dans l'étrange royaume de Roumanie.
Jacques Oxenberg, dont on vante "les doigts beethovéniens", est le meilleur obstétricien de la région. Il vient d'offrir une auto à son épouse, laquelle lui a donné deux beaux enfants. Un gramophone égaye les soirées de leur jolie maison, mais dehors... les voix rauques de la haine commencent à gronder. Lorsque la riche Dora Bernstein et son fils Ben se rendront à Ia?i, durant l'été de 2001, les deux histoires se rejoindront, entre secrets de famille et zones d'ombre de la mémoire collective.
Un livre inoubliable
Je viens de découvrir un livre troublant qui me hantera longtenps: Les Oxenberg et Les Bernstein de Catalin Mihuleac, un auteur roumain traduit pour la première fois en français. Je suis toute impressionnée par ce livre que je trouve d'une grande force et beauté, un livre important, je dirais essentiel, indispensable.
Il s' agit d' une fiction, magistralement composée, avec un talent pour écrire évident, une fiction basée sur un événement historique réel: le pogrome qui a eu lieu en juin 1941 dans la ville roumaine d' Jassy où plus de 13.000 Juifs Roumains ont été exterminés.
La narration se déroule sur deux plans, géohraphique et temporel, différents: une famille juive dans les années 1990 vivant aux États- Unis et une autre famille vivant de l' autre côté de l' Atlantique, en Roumanie, cinquante années plus tôt. Au fil des pages, par quelques indices subtiles, on pressent qu'un lien mystérieux unit ces deux familles mais on ne peut pas le comprendre avant la fin qui est très surprenante et émouvante.
Catalin Mihuleac a une écriture très puissante, très imagée, d' une grande force descriptive, une poésie souterraine et subtile accompagne et charme le lecteur. Il nous surprend par un style particulier, original, un mélange intelligent et osé d' humour et d' ironie fine, de dérision et d' auto- dérision, un ton qui nous envoie tout droit de l' envie de rire ou de sourire à l' envie de pleurer- un ton choisi expressément par l' auteur pour que l' indicible puisse être dit.
On rit, on sourit pendant la lecture de ce livre mais surtout on a le coeur serré et on y lit des pages bouleversantes, déchirantes lorsque sont décrits l' antisémitisme montant des années précédant la Seconde Guerre Mondiale puis la haine et la violence déchainées contre la population juive pendant le pogrome, ainsi que les suites et les plaies inguérissables que laissent de tels événements sur ceux qui y survivent.
Le message de la fin, rempli de tendresse et sensibilité, est une invitation à la tolérance, à l' acceptation et la paix entre les hommes.