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Dans ces temps où la sexualité infantile est déniée, suspectée, objet de toutes les vigilances, de toutes les « préventions «, comment l’enfant construit-il son corps sexué ? En effet, le corps est une construction langagière du vivant, de l’organisme, ce qui le dénaturalise. Les fonctions corporelles sont surdéterminées par la relation aux adultes tutélaires ; en particulier l’enfant est sexué d’abord par la nomination de son sexe, avec laquelle il acquiert tous les attributs qui y sont associés.
Garçon ou fille, ce n’est pas seulement l’anatomie qui décide mais une série d’opérations psychiques tout au long de la maturation de l’enfant. L’exemple des Inuits suffit à le prouver : est chasseur qui a été désigné tel à sa naissance et est élevé selon le sexe mâle, quel que soit son sexe anatomique. Comment cette construction s’effectue-t-elle actuellement ? Quels sont les effets de la libération sexuelle qui donne sans cesse à voir, y compris au sein des familles, aux enfants et aux adolescents des pratiques sexuelles d’adultes, les exposant ainsi à une surexcitation par ailleurs sans cesse dénoncée comme produite par l’extérieur ? Comment s’inscrivent dans ce contexte les interdits sexuels et en particulier les interdits oedipiens ? Comment dans le temps de l’adolescence le jeune homme/fille s’appropriera-t-il/elle ce corps sexué et fera-t-il /elle le choix qui orientera sa vie libidinale ? Entre l’ascétisme frileux recommandé par la prudence sanitaire, la constitution précoce de couples quasi fraternels, et/ou les pratiques violentes d’initiation sexuelle (tournantes, etc.), les adolescents vivent-ils si différemment l’étrangeté de la pulsion sexuelle ?