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Plutôt que la fameuse " boîte à outils " foucaldienne, c'est le trésor enfoui de la Thèse complémentaire de Michel Foucault que ce travail se propose d'exhumer. Récemment publiée aux éditions Vrin, l'Introduction à l'Anthropologie de Kant permet à Foucault de problématiser ce qu'il appelle le " champ " - ou le " chantier " - anthropologique. Loin d'être cantonné à un simple commentaire du texte de Kant, ce thème du champ anthropologique participe de l'entreprise foucaldienne d'archéologie de la modernité dans son ensemble.
La question kantienne " Qu'est-ce que l'homme ? " n'est peut-être pas la paisible synthèse unificatrice qu'on a souvent voulu y trouver ; Foucault nous invite plutôt à y voir une complication du projet critique, consistant moins à fonder qu'à inquiéter les savoirs sur l'homme. Est-ce à dire que penser avec Kant, c'est en même temps penser contre lui, en le recontextualisant dans le champ anthropologique, ou en faisant jouer l'Anthropologie contre les trois Critiques ? Qu'en est-il alors, dans le jeu des discours anthropologiques, du caractère normatif de la figure de l'homme ? Qu'en est-il, dans ce que l'homme fait de lui-même, de l'unité de sa réalité mentale, de la cohérence de ses pratiques, de l'intelligibilité de son histoire ? C'est à l'ensemble de ces questions qu'est consacré ce dossier de Lumières, dans le sillage du numéro 8 de la revue dont le thème était précisément " Foucault et les Lumières ".