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L'histoire de l'" enfance irrégulière " est massivement habitée de femmes, très souvent anonymes. Huit contributions inédites, toutes signées d'historiennes, entendent restituer leur rôle, promouvoir leur visibilité et questionner l'histoire genrée du travail, de l'éducation et du care. L'histoire retient couramment les grandes figures de pédagogues, grands éducateurs ou pionniers de la médico-pédagogie, de la pédopsychiatrie, de la psychologie infantile ou de la psychanalyse, et parmi eux Maria Montessori ou Helen Key sont des exceptions.
Dans son 25e numéro, la RHEI dresse le portrait de femmes ou de groupes de femmes, incarnant des professionnelles de l'" enfance irrégulière ". Celles qui ont fait métiers d'instruire l'enfant, de l'éduquer, de le juger, de le soigner, de l'observer, de le comprendre ont souvent laissé peu d'archives. On croisera ici des militantes antialcooliques, des éducatrices, des travailleuses sociales, des juges des mineur.
es, des directrices de foyers ou d'institution, des psychanalystes, une femme active dans le soin apporté aux enfants tuberculeux, des nourrices, une pédagogue, une infirmière et une religieuse. Ces femmes ont été actives en France, en Suisse, en Pologne, en Egypte et ont parfois traversé les frontières durant la deuxième moitié du XIXe siècle et au XXe siècle, période au cours de laquelle le care s'institutionnalise, tant sur le plan de la construction de l'Etat social que du développement inédit des congrégations féminines à vocation soignante.
Dans les itinéraires biographiques proposés, il apparaît que les métiers de l'éducation spécialisée et du social ont ainsi pu être un moyen d'émancipation pour les femmes. Mères de famille, mariées, veuves ou célibataires, de condition modeste ou non, ayant ou non reçu une formation, c'est la grande diversité de ces protagonistes qui frappe. L'écriture de ces " nouveaux " portraits alimente l'histoire de l'enfance irrégulière autant que celle des femmes, dans un face-à-face qui se joue à plusieurs niveaux : entre les actrices et le public dont elles ont eu la charge, entre des femmes souvent inconnues et les autrices qui les peignent ici, entre les lecteur.
rices et les portraits appréhendés dans la construction ou la déconstruction du récit. Il s'est agi d'exposer les démarches de recherche et de questionner les conditions d'accès et d'analyse des archives utilisées : présence ou absence de sources, types de documents, le poids des difficultés à enquêter sur les femmes en histoire. Ecrire cette histoire ne consiste pas tant à édifier un panthéon de grandes figures féminines que de questionner le paradoxe de leur invisibilité au prisme du genre.