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L'emploi apparaît toujours rattrapé par ses marges. Fragilisation de la norme de l'« emploi typique », multiplication des statuts d'activité, développement de « zones grises » entre travail dépendant et indépendant, l'emploi semble quitter les catégories juridiques commodes qui permettaient de le saisir. Le brouillage de ses formes s'accompagne pourtant d'une extension du domaine de l'emploi, à la frontière du travail et du non-travail, du chômage et de l'engagement volontaire ou bénévole.
Cette hybridation des statuts sociaux autant que professionnels montre combien il est illusoire de s'en tenir à une approche univoque des marges tant le « dedans » et le « dehors », le « centre » et la « périphérie » ne font que se déplacer. C'est cette dynamique des rapports entre centres et marges que le numéro de la Revue française de socio-économie propose d'éclairer.
Aborder l'emploi par ses marges permet de questionner les recompositions de la mobilisation du travail dans des économies mondialisées, celles-ci prenant appui sur des formes d'organisation toujours plus réticulaires et sur des activités dont l'horizon temporel est sans cesse raccourci.
Loin de s'apparenter à un démantèlement du salariat, les articles de ce numéro montrent au contraire que les recompositions à l'œuvre témoignent de son extension au-delà et en dépit des cadres juridiques et conventionnels préalablement institués. Qu'il s'agisse du travail indépendant, du travail intérimaire en contexte frontalier, du travail mobilisé dans le cadre de relations de sous-traitance, ces contributions explorent l'étendue des recompositions à l'œuvre tant dans les pays du Nord que du Sud, tant dans l'emploi public que privé, et tant dans la sphère productive que « reproductive ».