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Joseph Ponthus, A la ligne, La Table Ronde, 18e
Un texte fort, bourré d'astuces littéraires. Une plume qui se démarque et lance le lecteur dans la chaîne. Car c'est de cela qu'il s'agit : du travail à la chaîne, du corps et de la fatigue, de la force qu'on épuise sans état d'âme et de l'argent qu'on reçoit en retour afin de s'en nourrir comme un carburant. Ponthus, écrivain et écrivant sur la condition contemporaine. Un chant de l'aliénation, un hymne au réveil.
Pour qui veut de l’aventure, de la puissance narrative et un dépaysement, alors voici la saga qu’il faut. Le Cycle de Syffe est un coup de poing romanesque et étrange. Un monde où la magie est diffuse, presque invisible mais semble influer sur les événements. On suit un enfant, Syffe, orphelin et heureux qui virevolte entre menu larcin et service. La politique locale s’effondre, l’exode commence.
Un récit puissant, ambitieux.
Un texte espiègle, une enquête folle, un flic qui a tout du chewing –gum.
Une femme sort de la route en voiture et meurt dans l’accident. Son mari affable, courbé, las, cherche à faire son deuil mais sa quiétude va être ébranlée par sa voisine, son beau-père et le fameux inspecteur !
Maîtrise de la langue, finesse et parfois un pas d’éléphant, Ravey gère !
Herne Heimlicht atteint les quarante ans, voisin du « Loup des steppes » qui a généré en lui la quête de soi. Seul, parfois vide ou trop plein, il erre à sa propre recherche à travers des « objets » qui pourraient lui donner une consistance. Sa solitude est bouleversée lorsqu’il reçoit un avis de décès portant son nom et il décide d’investiguer.
1935, l’Allemagne, écriture post-romantique sur gouttes acides dans l’entre-deux-guerres. Un texte délicat qui parfois lu à haute voix est bouleversant. Une écriture riche et maîtrisée, un délice. Grand bravo à Pierre Cendors.
Hannah Mitzvah est un jeune homme qui embrasse, tardivement, le soin hospitalier. Le moteur de son changement de cap est l’attrait d’une clinique qui offre des soins empathiques, qui exclut la médication lourde et la déshumanisation de la patiente. La relation soignée-soignante est un échange et l’écoute/participation est la norme. Martin Winckler, par cette fiction du soin, arrive à nous transporter vers un ailleurs, il transforme la lutte pour le soin « humain » en une expérience concrète et réaliste. Sensible et tournée vers l’autre, l’écriture de Martin Winckler et son propos ébranlent avec douceur nos certitudes.
Rose rencontre Younes, enfin le rencontre... Disons qu’ils ont un contact, un bref contact. C’est lors d’une croisière sur la Méditerranée, une croisière qui devait être l’instant du bilan pour Rose, qu’une énième préoccupation va s’imposer à notre fébrile mère de famille psychologue, en la personne de Younes. Une fable prenant toutes les facettes de la vie confortable en proie aux doutes familiaux et à la fantaisie d’une possible extraordinaire action. Marie Darrieussecq accorde le fond et la forme avec subtilité laissant entrevoir la naïveté contemporaine à la vie et ses aspirations.
L’envie d’être autrement, et puis un voisin qui veut vous tirer le portrait en tout bien tout honneur. Des personnages bourrus, attachants et un séjour prolongé en Corse. Reste l’envie de devenir un caillou. Une héroïne déroutante qui se laisse aller à la vie. Superbe.
François prend de l’âge. Il est « out », il ne comprend plus ses enfants. Ceux-ci sont adultes, ils ont plus de 30 ans et c’est déjà suffisant pour qu’un gouffre insondable s’ouvre entre eux et lui. Mais l’histoire de François est aussi l’histoire d’un homme qui peine à se changer, qui se réfugie dans une idée, un hors-temps.
Luc Lang développe avec brio le sujet de la perte de repères, de la perte de compréhension d’un monde qui change. Luc Lang nous amène aussi dans une lecture qui flirte avec le triller, car de l’action il y en a, du rythme et du style aussi.
Finalement, c’est peut-être une histoire d’éducation. Suffit-il de donner des prénoms imposants à ses enfants pour que ceux-ci soient armés, préparés à affronter le monde ? Et si les choix de cette puissante femme n’étaient pas les bons ? Loup est au pénitencier depuis peu, sa fille peine à prendre corps et elle, elle ne lâche rien. De sa plume envoûtante, Nathache Appanah nous élève sur le terrain de la transmission, du besoin impérieux de guider, coûte que coûte, ses enfants, d’espérer avant d’aimer. Un roman d’une finesse exemplaire.
Un long chemin
La lumière irlandaise ne suffira pas à rendre les terres accueillantes. La puissance du paysage ne suffira pas à adoucir l’aridité de la famine. Grace, une jeune fille de basse condition, est poussée sur les routes. On l'accompagnera, on vivra avec elle la douleur d'être seule dans la tourmente de la faim, dans l'excercice puissant de la survie à tout prix. Une écriture de la misère, de l'effondrement d'un monde, des relations humaines.