En cours de chargement...
Le nouveau roman d'Edna O'Brien laisse pantois. S'inspirant de l'histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l'auteure irlandaise se glisse dans la peau d'une adolescente nigériane. Depuis l'irruption d'hommes en armes dans l'enceinte de l'école, on vit avec elle, comme en apnée, le rapt, la traversée de la jungle en camion, l'arrivée dans le camp, les mauvais traitements, et son mariage forcé à un djihadiste - avec pour corollaires le désarroi, la faim, la solitude et la terreur.
Le plus difficile commence pourtant quand la protagoniste de ce monologue halluciné parvient à s'évader, avec l'enfant qu'elle a eue en captivité. Celle qui, à sa toute petite fille, fera un soir dans la forêt un aveu déchirant - « Je ne suis pas assez grande pour être ta mère » - finira bien, après des jours de marche, par retrouver les siens. Et comprendre que rien ne sera jamais plus comme avant : dans leur regard, elle est devenue une « femme du bush », coupable d'avoir souillé le sang de la communauté.
Prix Femina spécial 2019 pour l'ensemble de son ouvre.
Un texte fort, sans omission.
Edna O’Brien s’attaque à un sujet extrêmement périlleux. Comment raconter sous forme de témoignage fiction l’expérience d’une jeune fille enlevée à l’école par Boko Haram. Faire voix, voici l’objectif d’O’Brien, 90 ans, elle qui a voué son écriture à la dénonciation d’injustices. Elle adresse, par ce récit, une alerte retentissante sur le sort de ces jeunes filles –et jeunes hommes- qui continuent à disparaître dans cette région du monde. Un texte honnête et recherché.