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« J'ai écrit La Main tendue, La Foire aux Garçons, L'Araignée du Matin et les deux nouvelles qui accompagnent ce dernier titre, entre 1932 et 1936, explique Philippe Hériat. Avant la guerre et durant toute l'occupation, l'éditeur de ces livres, qui n'était plus le mien, cessa de les tirer ; ils sont restés épuisés jusqu'aujourd'hui. J'en ai repris la disposition et les voici réédités. Je leur ai laissé leurs dates respectives et, à quelques maladresses près, leur texte original.
Puissent ces trois romans de jeunesse n'avoir pas perdu, dans ce sommeil de vingt ans, toute leur jeunesse... » Que sont ces trois romans ? La Main tendue conte l'histoire d'un homme sans grands moyens sinon ceux du cour, et que hante le besoin de secourir, de protéger. Passion qui le conduira de déboires en surprises et qui, un moment, fera de lui l'idole des foules. L'auteur dresse autour de son héros les décors les plus divers : un lycée de banlieue, la zone, la Quincampe, les studios de cinéma, Hollywood, le Paris des affaires et, pour finir, la Provence rustique.
L'Araignée du Matin montre l'éveil du cour chez un collégien, de la quinzième à la dix-huitième année. Il est vierge, il attend l'amour, c'est l'amitié qui vient d'abord. Le conflit entre les deux sentiments ne tarde pas, il s'achève quand les adolescents deviennent de jeunes hommes, en 1917, sur le front. D'autre part. les premiers rêves et les premiers troubles d'un petit Méridional de quatorze ans dans un Marseille aujourd'hui disparu, et la solidarité pudique de deux soldats de vingt ans dont l'un est soupçonné de meurtre passionnel, font le sujet de l'une et de l'autre nouvelles contenues dans le même volume.
Dans La Foire aux Garçons enfin, l'on voit un jeune homme, échappant à sa famille de bourgeois commerçants, se lancer dans Paris, courir d'aventure en aventure à travers les milieux de mours faciles et d'unions amorales, jusqu'à sa retraite dans la solitude d'une vieille cité albigeoise, où il rencontre enfin l'amour vrai. Mais sera-t-il resté apte à le ressentir ? Le livre se clôt sur la réponse faite à cette question.
Tels sont, inconnus de nombreux lecteurs de Philippe Hériat, ces trois ouvrages du romancier des Boussardel, à propos de qui l'un des écrivains les plus originaux de la nouvelle génération. Pierre Gascar, employait récemment le mot de romantisme. Il précisait qu'en effet, pour le personnage central des romans de Philippe Hériat, la famille et le milieu social « constituent toujours un ordre secrètement oppresseur contre lequel ce personnage réclame d'abord la liberté du cour ».