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Voici vingt poèmes lapidaires, bien faits pour l'usage des hommes de ce siècle, marqués des stigmates de la vitesse, et qui ont perdu le sens du temps. Ils peuvent se lire n'importe où et n'importe quand : entre deux stations de métro, en prenant un café crème, ou en attendant une table au restaurant, dans la foule, comme dans le plus propice recueillement. Il suffit d'un instant pour les saisir, et qu'ils vous saisissent.
Ils resurgiront ensuite dans la mémoire, comme autant de points d'interrogation. Comme les soroses du jaquier, ils ne livrent pas, du premier coup, leur véritable fruit, et il faut les décortiquer, les débarrasser de leur pulpe, pour atteindre le noyau. Ils ont aussi le goût aigrelet de cette farine fermentée, que les habitants des îles océaniennes extraient de la pulpe des jacas. Certains vers sont forgés comme une pointe de flèche, et portent comme une pierre de fronde ; d'autres n'atteignent leur but que par ricochets, tel un galet à la surface de l'eau.
En cueillant ces fruits avec « les belles mains du courage », Jacques Scagliola réinvente quelques vérités éternelles, toujours neuves pour le poète qui les découvre et sait les revêtir d'une parure nouvelle.