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Si déjà on ne choisit pas ses parents, comment faire pour choisir sa planète natale ? Jacques Sternberg a toujours eu le plus grand mal à assumer sa panique d'être réellement né sur cette planète concentrationnaire, la Terre, d'y être coincé à tout jamais. Incrédule, il accepte son sort, aussi secrètement terrorisé qu'un enfant jeté tout seul dans un paysage nocturne où tout lui paraîtrait nocif. Mais il ne comprend pas - et ne cherche pas à comprendre.
Des esprits autrement plus compétents que le sien, dit-il, ont abouti par l'intelligence et le raisonnement au mysticisme échevelé ou à l'aberration mentale. Alors, il s'en tient simplement aux strictes limites de sa lucidité personnelle, et adresse aux Terriens une Lettre ouverte qu'ils auront du mal à prendre pour une lettre d'amour. Qu'elle soit hargneuse, injuste, injurieuse, arbitraire, atrabilaire, inutile de le nier ! Mais sincère aussi...
Jacques Sternberg tente de prendre des raccourcis pour aller au cour des choses, sans chercher à les orner de guirlandes. Il tente également de garder la distance, l'étonnement, l'effroi, le dégoût et la colère. S'il devait croire à une devise, il adopterait : Avoir l'oil martien et le conserver en toutes circonstances. « J'assiste terrifié à la diminution de ma haine des hommes, dernier lien qui m'unissait à eux », a écrit superbement E.
M. Cioran. Manifestement, Jacques Sternberg n'en est pas là. Et c'est avec tout son talent de pamphlétaire qu'il nous le dit.