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Le témoignage du sergent Lucien Botrel est empreint d'une profonde sincérité et nous permet d'appréhender certains aspects encore méconnus de cette Première Guerre mondiale. Rappelé dans les Territoriaux, il nous permet de découvrir ce départ à la guerre non pas la fleur au fusil, mais avec résignation et une certaine surprise, tout en replaçant cet événement dans son contexte international. Témoin et acteur de certains des pires épisodes de cette terrible boucherie, comme par exemple les combats dans le village martyr de Fleury-sous-Douaumont, à Verdun, nous comprenons grâce à lui ce que pouvait être le quotidien des soldats en première ligne, mais aussi à l'arrière et la joie des permissions.
Il décrit sobrement cet univers terrible où la mort était le quotidien, tout comme les rats et autres vermines, l'ennui, les marches forcées, les ordres et contrordres... Il nous apporte un autre éclairage important, celui de la captivité dans les camps de Darmstadt puis de Lamsdorf, des brimades, de l'attente parfois insupportable de nouvelles et colis des proches. Puis la joie d'apprendre la signature de l'armistice, qui n'est cependant pas synonyme de libération, ni de retour immédiat vers la France.
A la lecture de ce journal fort bien écrit, aucune haine à l'encontre de l'ennemi ne transperce et c'est en homme dont l'honnêteté intellectuelle reste intacte jusqu'à sa libération le 2 avril 1919, qu'il témoigne de sa guerre. Photographe de talent, il illustre ses propos par quelques-uns de ses clichés, mais aussi par ses descriptions des lieux traversés, en particulier dans le train de prisonniers qui lui fait traverser l'Allemagne.
Ses mots dépeignent à ravir ce qu'il voit, offrant ainsi une bouffée d'air pur dans un contexte inquiétant.