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La crise financière a révélé au grand jour les limites de la théorie économique : celle-ci n’a su ni
prévoir les désordres à venir, ni même simplement nous mettre en garde contre de possibles
instabilités. Cet aveuglement est le signe d’un profond dysfonctionnement qui exige plus qu’un
simple replâtrage pour être corrigé : un renouvellement radical des méthodes et des concepts, au
premier rang desquels celui de valeur économique.
Pour le dire simplement, les économistes
conçoivent la valeur, que ce soit celle des marchandises ou celle des titres financiers, comme ayant
la nature d’une grandeur objective qui s’impose aux acteurs et à leurs interactions, à la manière
d’une force naturelle. Ceci est apparent dans le domaine financier au travers des formules
mathématiques que calculent les économistes pour établir la juste évaluation des actifs.
La crise a
montré que ces formules n’étaient pas fiables. Cela ne tient pas à une insuffisante habileté à mener
des calculs complexes mais à la nature même de la question posée. Il n’existe pas une juste
valeur, ni pour les marchandises, ni pour les titres, mais différents prix possibles en fonction des
intérêts et des croyances. À partir de ce nouveau cadre d'analyse, c'est toute la science
économique qu'il s'agit de refonder.