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Opéré d'un cancer du poumon il y a quinze ans, l'auteur réexamine son expérience à partir de notes prises au cours de cette période. Après avoir exposé les repères biographiques et méthodologiques, il montre comment les représentations intériorisées du cancer forment un contenu symbolique, relativement autonome et en partie indicible, qui — après la guérison médicale — prolonge dans son imaginaire les effets traumatisants de cette épreuve liminale.
Il analyse comment, soumis à des temporalités discordantes, se manifeste l'emprise de son univers, ancré dans les images traditionnelles du cancer, sur son expérience objective d'une maladie devenue aujourd'hui guérissable. L'irruption de l'événement-cancer a généré un intense bouillonnement émotionnel et des réminiscences du passé, figeant le sujet, pendant une longue période, dans un présent perpétuel de la maladie.
Un travail cognitif sur l'événement traumatique a favorisé des réaménagements continuels au sein de sa mémoire, entraînant un effet d'autorégulation du traumatisme. Ce retour sur lui-même, par cette activité au moyen de l'écriture et du langage, a eu comme effet d'intégrer dans son histoire le choc du cancer comme un élément nouveau de sa biographie, favorisant une réduction progressive de l'anxiété.
Bien que singulière, cette expérience est aussi, en partie, l'expression de mécanismes plus généraux.