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Quoi de plus naturel que nos façons de vivre, que l'on considère la table, l'hygiène, la manière de se mettre au lit ou de se moucher ? Mais l'observation d'autres civilisations montre que notre comportement quotidien est le résultat d'un long processus d'apprentissage, suivi et perfectionné par les générations successives. Norbert Elias, en s'appuyant sur des sources aussi savoureuses que déroutantes, démontre que nos habitudes, nos moeurs peuvent être datées et appréciées sur une " échelle de civilisation ".
Du Moyen Age à nos jours, l'auteur décrit le polissage des différents groupes sociaux, le passage progressif d'une société hiérarchisée et cloisonnée à une société intégrée. Repartant des notions de politesse et de civilité formées en France au sein de l'aristocratie de cour, Norbert Elias dénonce toute conception de la civilisation occidentale qui présenterait celle-ci comme l'expression de talents considérés comme supérieurs à ceux des autres.
La civilisation est un processus. Or, une phase essentielle de ce processus est achevée " à l'instant où la prise de conscience de la civilisation, où le sentiment de la supériorité de leur propre comportement et sa concrétisation au niveau de la science, de la technique et des arts commencent à gagner les nations de l'Occident ". La Civilisation des moeurs est le livre qui peut nous permettre de penser un au-delà de cette phase d'achèvement, à partir de la thèse paradoxale que l'évolution des moeurs est l'invariant des sociétés occidentales modernes.
La violence dans l'Histoire
Est-il encore nécessaire de présenter l’apport essentiel aux SHS de cette étude par l’historien sociologue Norbert Elias ?
Son ouvrage s’est effectivement affirmé comme un incontournable pour tous ceux qui désirent comprendre comment la violence a cédé le pas à une société de cour raffinée. Ce processus, décrit avec brio par l’historien s’affirme sur le long terme, entre la fin du XIVe siècle et le début du XVIIIe siècle. Au cours de cette période, la noblesse et les cours princière ont effectivement joué un rôle central dans l’élaboration de cette « civilisation » des mœurs. Pourtant, Norbert Elias ne s’abaisse jamais à la caricature d’une société médiévale violente et d’une cour de Louis XIV policée. Il analyse, dans la droite lignée de Max Weber, la façon dont la violence est progressivement monopolisée par l’Etat royal. Un incontournable pour les érudits et les curieux.