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Kères, Erinyes, Sirènes ou Gorgone, toutes ces figures
monstrueuses, au-delà de leur aspect inquiétant, ont cette
particularité de revêtir des traits féminins. Ce sont précisément
ces liens diffus, unissant dans l'imaginaire collectif le féminin
à la mort, que le présent essai entend explorer. Pour ce faire,
les Sirènes et la Gorgone servent de point d'ancrage car,
malgré leur évolution à travers le temps, ou plus exactement
de par cette évolution, elles semblent résumer à elles seules
toutes les thématiques inhérentes aux monstres féminins.
Matérialisation du pouvoir dissolvant de l'eau et du non-être
de la mort, jeunes filles victimes de leur sexualité naissante ou
tentatrices aux promesses trompeuses, êtres incomplets
pointant la finitude humaine, elles donnent corps à l'angoisse
de castration et au fantasme de réabsorption dans le lieu des
origines. C'est non seulement l'exemple grec qui est visé ici –
exemple savant par excellence – mais aussi l'imaginaire
occidental dans son entier toujours fortement empreint des
images héritées de la tradition.