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Les cartes donnent souvent l’impression que le monde est saturé et que la surface de notre fragile
planète a renoncé à la dimension du mystère. Ce sentiment d’accomplissement est trompeur. Il est
le propre de la modernité occidentale. Tout au long de son histoire, l’Occident n’a eu cesse
d’affronter les espaces ouverts pour les transformer en lieux clos sans que ce verrouillage eût
jamais été décisif.
Tant mieux, car, à chaque fois qu’il rouvre sur un horizon nouveau, le monde
suscite l’éblouissement. Les Argonautes et Ulysse ont connu cette sidération, de même que
Christophe Colomb à sa manière.
L’art du lienzo aztèque, les lignes de chant des Aborigènes australiens et la cartographie extrême-orientale confirment que l’Occident ne détient pas le monopole de la vision géographique du
monde.
Et plutôt que de réserver les océans aux seules caravelles de Colomb, on lancera aussi
dans l’aventure Abou Bakari II, empereur malinké, et Zheng He, amiral chinois. Ces tours et détours à travers espaces et lieux d’hier et d’aujourd’hui postulent l’existence d’un monde plausible qui sonnerait le glas des revendications hégémoniques de l’Occident.