Biographie de Joris-Karl Huysmans
Charles-Marie-Georges Huysmans naît à Paris le 5 février 1848. Son père, hollandais, est peintre-miniaturiste et spécialiste d'images religieuses ; il meurt quand son fils n'a que huit ans. Sa mère se remarie l'année suivante avec un homme d'affaires protestant. Après son baccalauréat, Huysmans est engagé au ministère de l'Intérieur où il fera toute sa carrière. Il fait en même temps des études de droit et de lettres. En 1870, il est enrôlé dans la Garde nationale mobile de la Seine, mais souffrant de dysentrie, il va d'hôpital en hôpital. Cette expérience lui inspirera Sac au dos. Il est ensuite affecté au ministère de la Guerre. Son premier recueil de poèmes, Le Drageoir aux épices, paraît à compte d'auteur en 1874 sous le nom de Joris-Karl Huysmans. Il commence à collaborer à différentes revues littéraires. Lorsque sa mère meurt en 1876, il est nommé tuteur de ses jeunes sœurs et obtient sa mutation au ministère de l'Intérieur. La même année, il publie, en Belgique pour éviter la censure, un roman d'inspiration naturaliste, Marthe, histoire d'une fille. Il se lie avec Zola, les frères Goncourt et Flaubert, Maupassant... En 1880, paraît Les Soirées de Médan avec la version définitive de Sac au dos. Les parutions se succèdent : la nouvelle A vau l'eau, d'abord intitulée Monsieur Folantin, en 1882 ; deux ans plus tard, A rebours, considéré comme la bible de l'esprit décadent et de la " charogne " 1900, En rade en 1887... Huysmans entreprend des recherches sur le satanisme, il visite le château de Gilles de Rais et s'intéresse aux milieux occultistes. Là-bas paraît en feuilleton en 1891 : Gilles de Rais y mène le bal par l'intermédiaire d'un historien, Durtal, assoiffé de surnaturel et dont l'initiation sera faite par l'épouse hystérique et perverse d'un grand écrivain catholique. De plus en plus tourmenté et en proie à des crises religieuses, Huysmans participe à des séances de spiritisme, séjourne à la Trappe et va d'église en église. En 1893, sa maîtresse, Anne Meunier, est internée - elle meurt en 1895 à Sainte-Anne. En route, histoire d'un écrivain et de son retour à la religion catholique, paraît quelques jours plus tard. A partir de 1900, il commence à ressentir les premiers symptômes du cancer de la gorge qui le tuera. Il continue à écrire, s'investit de plus en plus dans le catholicisme et, en 1901, devient "frère Jean". Le 12 mai 1907, Huysmans meurt après avoir passé ses derniers jours à mettre en ordre papiers et manuscrits. Il est enterré au cimetière Montparnasse, revêtu de l'habit noir des oblats. Tour à tour décadent et mystique, esthète et romancier inclassable, Joris-Karl Huysmans s'est imposé comme un écrivain de l'ennui et du désespoir.
Huysmans for ever
De ces deux textes du génial Huysmans, c'est À vau-l'eau que je vous recommande en particulier!
Publié en 1882, À vau-l'eau est un court roman encore marqué par le naturalisme de Zola.
Huysmans s'en détachera deux ans plus tard avec la publication d'A rebours.
Les deux romans se font écho comme dans un miroir déformant. Le Des Esseintes d'À rebours est un solitaire se repliant dans une vie d'ermite aristocrate aux goûts avisés et extravagants. Le Folantin d'À vau-l'eau est lui aussi un homme seul, mais un petit homme de condition modeste, s'occupant de paperasses sans attrait dans une quelconque administration.
Il est extrêmement déçu par la vie et par les gens, par Paris car on n'y trouve plus de nourriture mangeable quand on n'a pas les moyens suffisants, car la ville s'enlaidit d'immeubles à l'américaine, car les femmes, de la bonne aux prostituées sont toutes si vulgaires qu'elles n'ont plus d'intérêt pour lui.
Autant vivre seul et n'espérer rien de personne.
Folantin n'est pas pour autant un miséreux. Il peut se payer un théâtre ou des livres mais sa misère est tout intérieure, et elle est dominée par un spleen absolu et l'ennui le plus profond.
"Et dire que maintenant qu'il était un peu plus riche, maintenant qu'il pouvait goûter à de meilleures pâtures et s'épuiser sur des couches plus fraîches, il n'avait plus envie de rien ! ".
J'aime beaucoup ce petit texte mélancolique et je m'imagine Folantin quelques mois de déceptions plus tard, devenu le scribe Bartleby, préférant ne pas.