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"Les émigrants ne cherchent pas à conquérir des territoires. Ils cherchent à conquérir le plus profond d'eux-mêmes parce qu'il n'y a pas d'autre façon de continuer à vivre lorsqu'on quitte tout [...] Ils dérangeront le monde parce qu'ils rappelleront à chacun , par leur arrachement consenti et leur quête, que chaque vie est un poème après tout et qu'il faut connaître le manque pour que le poème sonne juste. Ce sera leur épreuve de toute une vie car lorsqu'on dérange le monde, il est difficile d'y trouver une place. Mais leur vaillance est grande [...]. Ils apportent avec eux le
monde qui va, le monde qui dit que les maisons et tout ce qu'on amasse n'est bon qu'à rassurer nos existences si brèves [...]. Un monde qui sait que rien n'appartient à personne sur cette terre , sauf la vie"
Tout ce qui fait la valeur et l'intérêt du livre de Jeanne Benameur est résumé dans cet extrait. Quel beau texte !
Qualité de l'écriture remarquable : un pur régal.
Il fallait cette délicatesse, cette poésie, pour parler d'introspection. Tous les personnages, que ce soit les Italiens Donato Scarpa et sa fille Emilia, éprise de liberté, Esther, la survivante arménienne, Andrew Jonsson, le photographe new-yorkais à la recherche de ses origines islandaises, Hariklia , la pensionnaire de maison close qui n'oublie pas son île méditerranéenne...tous essaient de trouver leur voie coûte que coûte , sans jamais renoncer à leurs rêves.
Et cela passe par l'exil , directement ou indirectement.
Nous sommes en 1910, à Ellis Island, aux portes de New-York, entrée principale des immigrants qui arrivent aux Etats-Unis. Les destins se croisent, les doutes et les peurs n'épargnent personne mais la volonté est là. La vitalité aussi. L'envie de faire et d'exister passe par le corps. Pas seulement par l'esprit. Ceux qui partent est un roman "charnel". Tous les sens sont en éveil et la rencontre amoureuse y tient une place essentielle. L'art aussi : littérature, musique, peinture, photographie , danse sont autant de façons de s'exprimer et aident à dire l'indicible , en sublimant la réalité.
Un roman en prise avec l'actualité, dans lequel l'humain est remis à la bonne place : la première.
Tout commence par une catastrophe : un gros fragment de satellite soviétique obsolète vient de s'écraser sur le centre commercial d'Auteuil , tuant au passage le propriétaire de l'appartement de notre personnage principal : Gérard Fulmard, lequel "ressemble à n'importe qui , en moins bien".
Nous voilà prévenus : ça va saigner !
Oui, mais avec dérision , second degré et loufoquerie.
Les aventures de Gérard Fulmard sont pathétiques. Pur notre plus grand plaisir. Un anti-héros qui contraste avec le culte de la performance caractéristique de notre société, fort bien disséquée
ici où media et politique tiennent une place centrale, mine de rien.
Donya est née en Iran. Comme Chahdorrt Djavann, romancière et essayiste de nationalité française. Donya a fui le régime des ayatollahs, où tout n’est que mensonge et hypocrisie. La psychanalyse lui permettra-t-elle de surmonter les traumatismes qu’elle a vécus et de se trouver enfin ? Le livre coup de poing d’une auteure brillante, au franc-parler revigorant.
Grand plaisir de lecture! Ce roman de Serge Joncour m'a émue, tenue en haleine de bout en bout, fait sourire... Pari gagné. Aurore est styliste. Elle a tout pour être heureuse. Archétype de la Parisienne, elle est mariée à un homme brillant, a 2 enfants, vit dans un très bel appartement. Patronne de l'entreprise qu'elle a créée, tout semble lui réussir. Sauf qu'elle est en train de perdre pied. Son voisin d'en face, Ludovic, est tout le contraire. Solitaire, il vit modestement dans la partie moins noble du même immeuble. Il travaille dans le recouvrement de dettes et n'a qu'une envie: fuir Paris et retrouver sa terre natale du Sud -Ouest. Mais il incarne la force tranquille. "Le gars solide, celui que rien n'atteint." Ancien joueur de rugby, il en impose... Ces deux-là n'ont rien en commun et ont pris plus ou moins l'habitude de se snober . Et pourtant... Aurore fascine Ludovic qui rassure cette femme inquiète. Ce roman est bien plus qu'une belle rencontre amoureuse. Il fouille l'âme humaine. J'ai plongé dans cette histoire et me suis attachée d'emblée à ces deux personnages si forts, si fragiles, pétris de doute et englués dans la difficulté d'être soi. Un livre sur notre société aussi: dure, froide, sans pitié. Les familles aux abois y côtoient les requins du monde des affaires. Et tout le monde s'ignore. La relation qu'entretient Aurore avec Ludovic est un havre de paix. Il est son roc. Et l'on découvre que le plus fort n'est pas toujours celui que l'on croit. Un régal.
Un premier roman et déjà un vrai talent de conteuse, Julie Orringer nous livre une superbe saga historique où un couple et trois frères hongrois sont pris dans la tourmente de la guerre; captivant!
Tous les matins, en prenant son café, la discrète Maria observe un couple qu’elle trouve fascinant , puisant son énergie dans l’harmonie qu’il dégage. Tout bascule le jour où le mari est sauvagement assassiné. Au fil du temps, Maria va découvrir ce qui s’est réellement passé. L’histoire est bien sûr prétexte à une réflexion sur la façon dont on s’attache aux autres, sur le sentiment de perte et surtout sur la fragilité de toutes choses. Dense et profond, ce livre m’a passionnée!
La Lettre à Helga aurait sa place sur nos étagères à côté des poètes romantiques ou des conteurs tant l’histoire et la plume en sont magnifiques. Cette lettre est une confession ô combien tardive de l’amour ardent et interdit qui a uni Helga à Bjarni Gislason. Dans le décor grandiose des terres islandaises rudes et gelées, Bjarni nous dévoile son cœur au cours d’ un saisissant monologue d’Islande. Un roman à mettre dans toutes les mains, qui comblera tous les cœurs sensibles.
18 août 1969, Jimi Hendrix réinvente à Woodstock l’hymne américain, joué tel un cri déchirant. Marquée par cet évènement, Lydie Salvayre s’attache à retracer la trop courte vie de ce guitariste, métis noir et cherokee, et nous éclaire sur la force de sa musique et de sa révolte, insistant sur la symbiose de l'artiste avec son époque "dissonnante". Le récit est hypnotique, le rythme nerveux, le style brillant. Un livre qui vous prend aux tripes !
Un roman d'introspection sur la famille et ses secrets
"Je ne le savais pas encore , mais il me restait très peu de temps pour profiter de cette vie que j'avais bricolée avec les outils de mon enfance et de mon adolescence".
Ainsi s'exprime le personnage principal et narrateur de La succession, Paul Katrakilis.
Loin de sa famille de doux dingues aux origines gréco-russes (ou plutôt ce qu'il en reste) en France, Paul vit de belles heures à Miami. Médecin de formation, il a choisi une tout autre voie et exerce avec passion son métier de joueur professionnel de pelote basque. Jusqu'au jour où son père meurt dans d'étranges circonstances - un père énigmatique et distant - et qu'il décide de reprendre son cabinet. Les pages lumineuses du livre cèdent vite la place à une partie plus sombre, faite de deuils successifs. Pour autant, aucun pathos dans La succession . Juste un roman d'introspection sur la famille, ses secrets, son atavisme. Et la prose toujours aussi alerte de JP Dubois . Un ton décalé , faussement léger. Des situations parfois saugrenues. Le sourire n'est jamais loin malgré la gravité du propos. Et si l'on retrouve les madeleines de Proust que sont les vieilles mécaniques chez cet auteur que l'on affectionne, une touche d'exotisme mais aussi de poésie surprendront agréablement le lecteur. Un excellent roman!