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Joseph est ouvrier agricole, dans une ferme du Cantal. Mais ce nouveau romande Marie-Hélène Lafon n'est en rien un « roman paysan » nostalgique, nourri de« couleur locale » : la ferme où il vit n'ignore ni les ordinateurs ni les congélateurs. Et le dimanche, au bistrot du village, quand il a un peu trop bu, les phrases deJoseph miment celles des animateurs populaires de la télévision. La virtuosité deJoseph est ailleurs : justement dans la position qu'a son héros d'intermédiaire entre deux mondes, deux rythmes - celui, immuable, de la « terre » dont il a la charge, des jours, des saisons, et celui d'une modernité qui bouscule les modes de vie.
Mais peut-on impunément « rester, en regardeur, au bord » d'une faille qui s'élargit ?Il fallait tout le très grand talent de Marie-Christine Barrault pour rendre les ambiguïtés de ce roman subtil, qui se refuse à la fois aux nostalgies passéistes et aux engouements de la modernité brutale.
JOSEPH
Pas besoin "d'effets de manche" et autres subterfuges de romanciers lorsqu'on a le talent de Marie-Hélène Lafon. Avec peu de mots (mais ils sont toujours justes) elle fait vivre Joseph, un doux, un gentil, un "brave" comme on dit. Ouvrier agricole hébergé chez ses "patrons", il a appris à ne pas déranger, à être seul avec ses pensées. Des pensées qu'il faut savoir domestiquer et oublier pour ne pas replonger dans "la bibine", un penchant dominant chez lui, par atavisme peut-être ou plus sûrement un moyen d'échapper à sa triste vie...